L’Arbre appelle le Vent pour parler.
Le Vent s’approche, tend l’oreille
entend, dans la forêt de fleurs du tant-pis
nos dires accrochés comme un vieux disque
à l’aiguille de la grande roue du Temps
qui crie, à minuit:
« Le roi Midas a des oreilles d’âne! »
Le Vent appelle la Pluie pour en placoter.
La belle se garroche, un peu fâchée
qu’on la sorte ainsi de son bourbier,
s’empêtre au fond de ses faux-cils vaseux,
sifflant :
« La roi a les oreilles qu’il veut, pis c’est tant mieux! »
Elle appelle le Ciel pour trinquer.
Surpris, le géant se penche par en avant
déverse en une lampée, en un instant,
la Pluie complètement de nos pensées.
Nos dires ne rient plus.
Ils se demandent en eux-mêmes, à eux-mêmes
si le roi est dans son droit
d’arrêter la roue à bout de souffle du Temps
pour hurler au clair de Lune :
« Laissez passer la Marie-Madelon
à la cuisse de velours, au pied mariton
avec toute sa cour! »
Le Vent attend…
la Lune de répondre :
« Pas dans ma cour! »
Le Vent tombe.
L’Arbre s’est enfin tu.
____________________________________________________________
Michel Woups Pirro
20 décembre 2021
Photo Josée Preston